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Par Le |
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Charge. Le patronat a en effet réussi l'exploit de fédérer un
front syndical désuni par la négociation sur la réduction du temps de
travail. Jusqu'à l'annulation fin septembre de l'accord de branche sur les
35 heures par le tribunal de grande instance de Paris ; le SNB-CGC,
favorable au texte, faisait cavalier seul.
Depuis, le syndicat de cadres n'est plus aussi chaud pour s'entendre
avec l'AFB et s'est rapproché de manière spectaculaire de l'intersyndicale
(CFDT, CFTC, CGT et FO). Au point de cosigner un document charge intitulé
Projet AFB : la cohérence du vide.
L'enjeu est de taille. Si aucun accord sur une nouvelle convention
collective n'intervient entre les partenaires sociaux avant le 31
décembre, les 200000 salariés du secteur bancaire se retrouveront sans
autre protection collective que le simple code du travail. Autant dire
qu'ils ont beaucoup à perdre. D'où un début de mobilisation depuis le 26
octobre, qui devrait monter en puissance à mesure que se rapprochera
l'échéance. Au programme : distribution de tracts à la clientèle
devant les agences, pose d'autocollants sur les distributeurs d'argent et
débrayages inopinés pendant les heures de pointe. Les syndicats ont même
menacé, en dernier recours, de perturber le passage à l'an 2000.
A la BNP, l'euphorie consécutive au raid réussi sur Paribas aura été de
courte durée. Paroles d'employés «de base» d'agences parisiennes.
Soupçons. Clothilde, 42 ans, déléguée CFDT, a vingt ans de boîte
derrière elle. Cette commerciale qui s'occupe des professionnels ne se
fait plus guère d'illusions. «On a longtemps pu se considérer à l'abri
des licenciements : c'est bel et bien fini.» La création d'une
clause de licenciement pour «motif personnel non disciplinaire»
fait particulièrement grincer les dents des salariés. «C'est la porte
ouverte à l'arbitraire, s'indigne Violette Gomez, déléguée CGT. Il
serait désormais possible de licencier pour des raisons telles que la
perte de confiance et la maladie.» Surtout, certains soupçonnent leurs
dirigeants, par ce biais, de faire des notions d'«objectif» et de
«mission» l'alpha et l'omega des relations employeurs-employés. En
clair : sous couvert de rentabilité, «on pourrait se débarrasser
de vous quel que soit votre âge», s'inquiète Frédérique, une
commerciale qui a vingt ans d'ancienneté maison. Exemple. «Un
commercial tenu de placer 30 crédits pour tant de KF est déjà obligé de
travailler le soir et le week-end. En cas de refus d'heures
supplémentaires, avec la nouvelle convention, il risquerait sa place.»
Paradoxalement, cette logique du «tout-profit» pourrait à terme se
retourner contre ses promoteurs. «On estime que les cadres commerciaux
peuvent assurer de plus en plus de travaux par transaction
informatique, affirme Sylviane. Au détriment du personnel
administratif, dont on réduit sensiblement les effectifs. A terme, cette
situation se répercutera forcément sur la qualité du service au client,
censée pourtant être notre priorité.»
Nécessité. Autre sérieux point d'achoppement : la
suppression du point bancaire, système qui fixait les salaires au niveau
de la branche et non des entreprises elles-mêmes. Les augmentations de
salaire seraient désormais individuelles. Traduction par Henri, délégué
CGT : «A la tête du client.»
Les salariés ne voient pas pour autant tout en noir. Nicolas, 55 ans,
trente-huit ans d'ancienneté, cadre SNBP-CGC, assure que «le nettoyage
de la convention collective est une nécessité. La suppression des jours de
congé pour baptême ou la disparition de la prime automatique d'ancienneté
ne me gênent pas». Idem pour les points de diplôme : «Qu'on
fasse la part des bagages vraiment utiles», demande-t-il. Sur ce
point, qui ne concerne que les jeunes embauchés, ses collègues non cadres
ne sont pas exactement sur la même longueur d'onde. Clothilde :
«Si j'étais recrutée aujourd'hui, malgré mon diplôme d'anglais, je
gagnerais 600 francs de moins.» Et Frédérique de renchérir :
«L'avenir des jeunes cadres est pire que le nôtre.» l
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